Une Naine au pays des Nains

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Nainvalide n’était pas un nain comme les autres….Depuis sa tendre enfance, les autres enfants nains l’évitaient... Ils ressentaient une sorte de peur à son égard, la différence dans le monde des nains n’était pas mieux acceptée qu’ailleurs.

Enfant, jamais on ne l’avait invitée au lancer de nain annuel qui avait lieu sur la grand-place. C’était jour de fête pour tous, les Géants des Montagnes étaient conviés à cette occasion et personne n’aurait voulu rater ça.

Tous ses petits camarades rivalisaient d’ingéniosité pour augmenter leur aérodynamisme et améliorer leur pénétration dans l’air afin d’accéder au podium. Le couple gagnant Géant-nain était fêté pendant toute la journée et le nain gagnant devenait le héros du jour. Mais Nainvalide n’était pas de ces nains que les Géants choisissaient.

La nature était ainsi faite, Nainvalide était d’une grande maladresse et ne manquait pas une occasion de le prouver. Certains y auraient même probablement vu une malédiction. Son papa nain ne cessait d’houspiller sa maman nain pour que celle-ci cesse de surprotéger leur enfant mais laisser Nainvalide quelques secondes sans surveillance et la catastrophe était assurée.

A sa naissance déjà, les problèmes commencèrent. Comme à son habitude le chef du village vint saluer le nouveau-né et trinquer avec les nouveaux parents à la réussite de leur enfant. Malheureusement c’était sans compter la poisse qui déjà s’abattait sur Nainvalide… La bière coulait à flots, les tables ne désemplissaient pas de victuailles, la fête battait son plein. La jeune mère promenait l’enfant et le montrait aux yeux de tous… Le nouvau-né était impressionné par tant de bruit et de lumière.
En passant près d’un groupe de nains déjà bien éméchés, l’enfant attrapa un objet étrange qu’il tira à lui. Comme c’était étrange et amusant cette petite boule avec des cheveux. Personne ne remarqua Nainvalide emportant le gri-gri fétiche du Grand Sorcier.

Le lendemain matin, on entendit un cri horrible déchirer la brume matinale :



Le Conseil fut immédiatement convoqué afin de trouver le mystérieux voleur. Le grand Sorcier fulminait…Lui faire ça à lui !! Ces nains se prenaient-ils pour des Dieux ! Il émit un ultimatum…Si son fétiche n’était pas retrouvé et le voleur châtié comme il le méritait avant la tombée du jour, il partait.

Une grande clameur couvrit le reste de ses paroles somme toute peu intéressantes…Une tribu de nain, sans sorcier ! Cela ne s’était jamais vu…tous les esprits allaient s’acharner contre eux ! Qui fabriqueraient les potions de vie et de courage avant les batailles ! Qui invoquerait le Grand Thor à Tort mais aussi à Travers. Les Nains sentirent déjà les effets des malédictions à venir…Pour la première fois, la peur s’infiltrait dans leurs veines…

Pendant ce temps-là, Nainvalide respirait le bonheur loin de se douter de son sacrilège. L’enfant gazouillait à qui mieux mieux, fier de son nouveau jouet.
Toute la journée, les nains fouillèrent les moindres recoins du village sans se douter que l’objet du délit de trouvait dans la couche du nouveau-né.

Le soleil entamait sa descente… Personne n’avait vu trace du gri-gri…Le sorcier préparait ses paquetages…L’avenir s’annonçait incertain…
La mère de Nainvalide apparut soudain devant le Conseil. Elle déposa au pied du chef ce qu’elle venait de trouver dans les mains de son enfant, attendant, la tête baissée, le châtiment qu’elle allait subir.

A compter de ce jour, la famille de Nainvalide commença à être mis au ban de la société des nains. Le sorcier resta au village mais tout le monde se souvint longtemps de cet épisode qui avait manqué de peu, une fin tragique. La croissance de Nainvalide (elle atteignit très vite 3 pommes et demi, dominant largement ses camarades) lui valut encore plus de méfiance et ne fit qu’augmenter sa maladresse. Elle tombait tout le temps, cassait tout objet qui lui arrivait entre les mains, perdait tout ce qu’on lui confiait. Ses gaffes et ses boulettes en tout genre lui attiraient les foudres de tous.

Pire encore, elle était d’une bonté et d’une générosité sans pareil, ce qui lui attirait les foudres de ses parents. Toujours serviable et prête à aider. Malheureusement son aide n’était jamais de grand secours pour quiconque.
Elle se renferma de plus en plus sur elle-même.


Ce n’est que le jour de sa majorité, que Nainvalide prit une grande décision. Elle fit ses bagages et s’en fut…Sa mère pleura, son père bougonna et tous les autres nains du village décidèrent d’organiser un grand banquet pour fêter ça.

Nainvalide erra longtemps, très longtemps, très très longtemps… elle n’était pas habituée à tant marcher mais au moins dans la forêt elle ne cassait rien. Au bout de deux semaines de marche et environ 6km de parcourus, elle arriva devant un grand portail en bois.
Celui-ci était surmonté de cette inscription :



Pour le moins étonnée, Nainvalide décida tout de même d’entrer. Au bout de quelques heures de chutes en tout genre, Nainvalide déboula devant la susdite taverne. Elle entra. Il y avait là pêle-mêle des tas de nains tous plus bizarres les uns que les autres, certains ne ressemblaient même pas à des nains mais plus à des nains croisés avec des légumes bizarres et au fond de la salle elle crut même voir un nain-ver de terre….Elle se sentit immédiatement chez elle. Ici au moins je ne risque pas d’être mal vue. Soudain le silence se fit, tout le monde se tourna vers l’intruse…Quelques secondes s’écoulèrent dans un silence glacial….On entendait seulement le ronflement de Nainbibé affalé sur une table. Puis sans raison aucune, tout le monde reprit ses occupations sans plus se soucier de la nouvelle arrivante.

Elle s’assit à la table du Nain-ver-de-terre et demanda une pinte. Une belle journée s’annonçait.